
Je me souviens d’un projet où, du jour au lendemain, tout semblait s’effondrer. Crash en prod qui te file la boule au ventre. Régressions en cascade dès qu’on corrige un bug. Et puis ces tensions qui montent dans l’équipe : chacun se renvoie la balle, surtout quand la QA est déportée chez d’autres. Tu vois le tableau ? Le désastre complet.
Dans ces moments-là, on entend souvent la même rengaine :
“Il faut plus de tests !”
Mais quand tu commences à te dire ça, c’est déjà le signe que tu as un problème de qualité. Peut-être pas juste un manque de tests : c’est plus profond. Comme si tu voyais de la fumée et que tu te contentais d’aérer la pièce sans t’occuper du feu.
Alors, quels sont ces symptômes ?
- Crashes en production à répétition.
- Régressions en cascade dès qu’une mise à jour pointe le bout de son nez.
- Tensions et incompréhensions entre ceux qui codent et ceux qui testent.
- Et d’autres indices : code qui part dans tous les sens, bugs qui reviennent, énergie qui se dilue…
Ça finit par plomber le moral et la productivité. Et comme le montre bien la manière dont on peut évaluer la performance d’une équipe logicielle, ces indicateurs de qualité ne sont pas anodins : ils reflètent directement la santé globale du projet et de l’équipe.
Dans cet article, on va voir comment retrouver un vrai souffle de qualité… parce que c’est possible.
Qualité VS Qualité
Il y a quelques années, j’ai vu un ébéniste travailler sur une table en chêne massif. Il polissait le bois sans relâche, s’appliquant à chaque geste. Son atelier était pourtant un fouillis monstrueux, avec des outils qui traînaient un peu partout. Il n’avait pas de procédure hyper cadrée. Mais quand tu passais la main sur ce plateau, tu sentais la perfection au bout des doigts. C’est ce que j’appelle la qualité intrinsèque.
À l’inverse, j’ai déjà visité une chaîne de production où tout était millimétré, façon “process qualité” : tout le monde portait les mêmes blouses et les mêmes charlottes, on notait chaque action dans un registre. Pourtant, en bout de course, les pièces étaient mal finies. Les normes étaient respectées, mais il manquait ce grain de soin, ce souci de la dernière imperfection qui fait la différence.
Est-ce que tu imagines la confusion ? On pense souvent que “qualité” veut dire la même chose, qu’il s’agisse de la beauté du travail (qualité intrinsèque) ou de la rigueur des démarches (processus qualité). Mais en réalité, ce sont deux notions distinctes. Les deux ont vocation à se rencontrer, à s’embrasser. Pourtant, l’un n’implique pas obligatoirement l’autre.
Pourquoi c’est important ? Parce que si on veut bâtir une culture de la qualité, il faut soigner à la fois le fond (le souci du détail) et la forme (un cadre clair). Quand on oublie l’un ou l’autre, on rate ce moment magique où le travail bien fait est aussi visiblement bien fait.
C’est exactement l’esprit du Software Craftsmanship, qui cherche à marier excellence technique et exigence humaine.
L’approche lean
Le lean, c’est cette philosophie qui dit : laisse la lumière entrer sur tes problèmes, au lieu de les masquer. Les “5 pourquoi” en sont l’exemple le plus connu : chaque fois qu’un souci survient (un bug, un crash, une régression), tu te demandes pourquoi. Puis encore pourquoi. Et encore. Jusqu’à sentir que tu touches la racine du mal.
Pourquoi est-ce si puissant ? Parce que ça t’évite de t’arrêter à la première cause apparente. Tu vas sous la surface, là où se trouvent les vraies racines. Par exemple :
• 1er pourquoi : “On a un crash en prod, c’est la faute à la base de données.”
• 2e pourquoi : “Pourquoi la base de données est dans cet état ?”
• 3e pourquoi : “On n’a pas de mécanisme de nettoyage.”
• 4e pourquoi : “On n’a jamais pensé à le mettre en place.”
• 5e pourquoi : “On ne prend pas le temps d’analyser les problèmes après les avoir résolus.”
Grâce à cette méthode, chaque problème devient l’occasion de s’améliorer pour de bon, pas juste de poser un pansement. L’approche lean, c’est avant tout regarder la réalité brute pour changer ses habitudes, au lieu de se réfugier dans des théories ou des recettes vite achetées.
Amener le changement
Pour faire bouger la culture qualité dans une équipe, il y a toujours cette question : comment on s’y prend ? Certains managers choisissent d’embarquer tout le monde façon “process participatif”. On discute, on brainstorme, on vote, on itère. D’autres tranchent directement, imposent des routines, des plannings de revues post-mortem, des check-lists qualité, etc.
Dans l’idéal, je préfère miser sur la participation : c’est plus durable, ça fédère, ça motive. Sauf qu’il y a un piège : analyser un crash, faire l’autopsie d’un bug, c’est pas la partie la plus fun du job. On a envie d’aller de l’avant, de coder, de sortir le prochain feature. Alors quand il faut s’atteler à comprendre pourquoi tout s’est écroulé, il y a une résistance naturelle : que ce soit par flemme ou malaise d’aborder les sujets qui mettent en lumière nos défaillances. Sauf que le monstre legacy se nourrit justement de ces faiblesses. Ignorer les problèmes de qualité finit toujours par coûter cher. Plus on attend, plus il devient difficile de reprendre la main.
Parfois, imposer est la seule vraie option pour que la discipline s’installe. Dire clairement : “OK, chaque régression, on la dissèque.” C’est long, c’est chiant, souvent pénible pour tout le monde. Mais c’est le prix à payer pour qu’un vrai changement de mentalité s’opère. Sans un minimum de structure imposée, le changement risque de rester une idée floue, vite balayée par le quotidien. Le secret, c’est ensuite de laisser la pratique – un peu obligatoire au début – devenir un rituel collectif auquel on tient. Parce qu’on sent les résultats, on voit moins de bugs, on dort mieux la nuit.
C’est ce relais-là qui fait toute la différence : passer de “c’est pénible, mais obligé” à “on y tient tous, c’est devenu notre culture.”
Bref
Arriver à une culture de la qualité, c’est comme cultiver un jardin qu’on veut voir fleurir saison après saison. Au début, il y a des outils à manier, de la terre à retourner, et parfois le résultat tarde à venir. Mais si tu persévères, tu finiras par récolter un produit solide et durable, codé avec la même attention qu’une œuvre d’artisan. Alors, ma question : es-tu prêt à te salir un peu les mains pour ça ?
Si oui, je peux t’accompagner dans le processus. C’est un chemin qui demande du temps, de la méthode et beaucoup de patience. Mais la récompense est immense : moins de stress, plus de fiabilité, plus d’épanouissement pour toute l’équipe. Contacte-moi, on épluchera ensemble tes priorités et je t’aiderai à bâtir cette culture de la qualité, pierre après pierre.