A propos de l’auteur : Si Nicolas Bouteillier était une liste de tag: développeur, technicien, artisan, entrepreneur, geek.
Nicolas est développeur depuis 2002, il a accompagné en mode lean startup plusieurs démarrages de projets, gérant de sa SARL, auto-entrepreneur, salarié,
c’est un touche à tout riche d’expériences variées qui a accosté sur les rives de l’agilité sans jamais quitter le monde entrepreneurial.
Kaizendo, qu’est ce qui se cache derrière ce terme ?
Kaizen se traduit généralement par « amélioration continue » et Do est simplement la « voie ».
Kaizendo c’est « la voie de l’amélioration continue », une valeur fondamentale de notre métier, une manière de voir, de faire, d’avancer, une philosophie en complète adéquation avec notre Art.
« Kaizendo » c’est la volonté de faire de mieux en mieux, c’est un engagement vis à vis de soi-même.
Pour illustrer cette approche, parlons de sport.
Je ne parle pas ici du sport loisir, que tu pourrais pratiquer pour te vider la tête, entretenir ta santé, ou juste partager un moment avec des amis.
La pratique sportive dont je te parle est celle qui induit un enjeu, que ça soit un art martial, du body building, du foot, du tir à l’arc, de la course à pied, peu importe.
Dans le cadre de ta pratique sportive, est ce que d’une séance sur l’autre tu te contentes du même résultat ? De la même manière de pratiquer ? Des même performances ?
Bien sûr que non ! Quel intérêt de pratiquer un sport sans essayer de progresser ?
Alors pourquoi pour le développement serait différent ?
Que penserais-tu d’une personne qui entraînement après entraînement se contenterait des mêmes performances, des mêmes résultats ?
Il y a cependant quelques différences entre le dév et le sport (😱) qui peuvent en partie expliquer ce décalage :
- quand on pratique un sport on a un coach, un sensei, des coéquipiers vis à vis desquels nous sommes responsables, et que nous n’avons pas envie de décevoir et de laisser tomber
- il est facile de quantifier des performances sportives, et on le fait systématiquement: nombre de buts, nombre de répétitions, poids de travail …
Lorsque nous développons, à part les chanceux qui ont une équipe de dév avec qui partager leur code et qui a une haute attente qualitative, ou bien un lead dev bienveillant et motivant, nous sommes seuls avec notre code.
Les personnes qui voient le résultat, ne s’intéressent qu’à la finalité, pas aux moyens d’y arriver.
C’est pourquoi il est évident d’être toujours dans l’amélioration continue dans le domaine sportif et que ça l’est moins dans la sphère professionnelle.
L’amélioration continue est avant tout une démarche personnelle. Mais c’est aussi un des principes du manifeste agile.
Amélioration de tes méthodes et process
Il est très peu probable que quelqu’un vienne te faire une réflexion si tu fais deux fois la même chose exactement de la même manière. Pour commencer il faudrait que quelqu’un le remarque !
Mais au fond de toi tu sais que potentiellement tu aurais pu faire un peu mieux, tu l’entends toi aussi cette petite voix.
Voici quelques questions à te poser lorsque ça arrive, ce sont des outils pour t’aider dans ta démarche d’amélioration:
- Est-ce que je pourrais faire mieux, même juste un peu ?
- Est-ce que j’aurais pu faire mieux ? Si oui, je m’engage à le faire la fois prochaine.
- Est-ce que je me suis contenté, par confort/sécurité ou fainéantise, d’exécuter à l’identique ?
- Est-ce qu’au fil des heures, des jours, des tâches, des projets j’essaye d’améliorer mes processus ?
- Est-ce que j’ai conscience de l’importance de cette démarche ?
Depuis tes débuts de développeur, hormis les mises à jours de ton IDE et de ton framework as tu l’impression d’avoir évolué ?
Poussé tes compétences ? Amélioré ton style ?
Je ne parle pas de changer pour telle ou telle téchno à la mode, ou tel framework qui est 30% plus rapide parce que bla bla bla bla bla… Je parle ici de faire évoluer ta pratique, tes méthodes, toi.
L’amélioration continue est aussi une source de plaisir et une bonne tactique d’augmentation de l’estime de soi, c’est très positif de produire un code de plus en plus beau, même si les évolutions semblent mineures.
T’ajoutes une méthode ? C’est bien ! Mais tu sens que tu pourrais refactoriser un peu, pousser un peu plus la bonne pratique, et PAF tu le fais ! Et là, à ce moment précis tu es satisfait, fier de toi, tu boostes ton estime !
Si tu peux parles en à un ami, un collègue, quelqu’un de bienveillant, partages cette sensation, mais attention, parles en à quelqu’un qui est sensible à la beauté de code bien fait, à l’artisanat.
Partager ces petites victoires, ses petites améliorations, ça fait du bien ! Ça pourrait encourager ton interlocuteur à s’y mettre et partager avec toi en retour, pour créer un cercle vertueux et surtout pas un concours d’orgueil.
On s’y met ?
Se lancer sur cette voie demande un changement de paradigme important, mais essentiel à l’approche artisanale, tu n’es pas là uniquement pour sortir des fonctionnalités, mais aussi pour faire vivre ton code, et pour le faire grandir avec tes compétences.
Ton code doit représenter une capture fidèle de ton niveau actuel.
Tu devrais toujours coder au maximum de ton niveau. Si tu ne cherches pas à faire au mieux, tu ne pourras pas te dépasser.
Il faut atteindre sa limite pour pouvoir la dépasser.
Donc, si tu as envie d’être fier de toi, ne te contentes pas de faire ton travail, fais ton travail du mieux possible et arranges toi pour que le mieux de demain soit supérieur à celui d’aujourd’hui.
Je vais faire ici une petite parenthèse sur toi qui te reconnaîtra, toi qui est blasé de ton job, qui n’es pas satisfait de ton management, ton responsable, ton lead dev, ton CTO.
Bref toi qui n’a pas envie de faire des efforts pour une boîte qui ne te mérite pas, oui toi là, avant tout, j’ai de l’empathie, j’ai été dans ta situation, et avec toute la bienveillance du monde, je dois te dire quelque chose…
Tu as faux, wrong, false, pas null, mais bien false !
Pourquoi ?
Simplement parce que tu travailles pour eux mais tu codes pour toi.
Alors fais ce qu’il faut pour être fier de ton code, pour aimer ce que tu produits, car à la fin de la journée c’est ton «estime de toi» qui est en jeu avant tout, fais toi ce cadeau.
Arrivé à ce stade de la lecture, tu te dis peut être, bon il est sympas lui, mais comment je fais concrètement ?
Il faut avant tout s’habituer à faire les choses avec engagement, si tu fais quelque chose, tu dois le faire de la manière qui te permettra d’en tirer le maximum de satisfaction.
Lorsque tu sens que tu va « lâcher l’affaire » et que tu va bâcler, finir vite, poses toi ces questions (encore des outils) :
- pour moi, quelle est la meilleure méthode, celle qui me rendra le plus fier ?
- Si je bâcle quel sentiment je ressentirai à propos de mon exécution ?
- Est-ce que demain, après demain, la prochaine fois que je travaillerai dessus je serais dégoûté ?
Évidemment si tu es en train de lire ce blog, tu dois déjà avoir les bonnes réponses à ces questions, déjà savoir ce que tu as à faire. Poses toi systématiquement ces questions, pas une fois, pas dix fois, mais à chaque fois.
La répétition te permettra d’ancrer profondément ces pratiques et les rendra automatiques, normales.
Attention, il faut éviter de tomber dans un piège : passer plus de temps à réfléchir sur comment faire au lieu de faire. Poses toi les bonnes questions pendant le bon laps de temps, ensuite à toi de décider : je fais comme ça, car j’ai quatre jours pour livrer, et dans mon délai ça me paraît être la meilleure solution, la prochaine fois, je prévois 6 jours et j’implémente de telle manière.
Tu dois prendre en compte tous les facteurs pour prendre tes décisions, le temps, la valeur ajoutée, les impératifs du business…
Avec cette démarche tu auras pris le temps de chercher comment bien faire, tu aura pris une décision pragmatique par rapport à tes contraintes, tu es honnête avec toi même, et tu planifies déjà l’amélioration.
L’amélioration continue ne demande rien de plus.
Pour commencer il faut créer tes processus d’amélioration (ou faire évoluer ce que tu as déjà), te poser systématiquement les bonnes questions est la première étape, il faut ensuite faire un peu de veille, pour voir ce qui se fait de nouveau, en terme de bonnes pratiques, standards, nouveaux outils, nouveaux usages, mais encore une fois, une veille raisonnée, il ne faut pas passer deux heures par jour à suivre des liens ou lire des tutos. (Sauf si comme moi tu rattrapes tous les épisodes de scrum life entre midi et deux: ici l’interview de JP Lambert).
Ensuite il faut voir quelles sont tes activités qui apportent de la valeur, et celles qui n’en apportent pas.
Puis essayer au maximum d’automatiser et de rendre répétables facilement les tâches sans valeur ajoutée, pour consacrer plus de temps aux autres. La valeur ajoutée n’est pas uniquement financière, une tâche à forte «estime de soi ajoutée » est une tâche à laquelle il faut consacrer du temps. L’estime de soi est une composante majeure et importante de chaque personne, l’amélioration continue doit être une aide à la construction et la consolidation de celle ci.
Conclusion
Pour moi Kaizendo : « la voie de l’amélioration continue », c’est bien plus qu’une méthode de travail, de développement ou bien qu’une règle d’un manifeste, je l’applique à l’ensemble de mes activités, personnelles et professionnelles, relations sociales, couple, enfants, sport, bricolage …
C’est une philosophie de vie, qui me pousse toujours vers un « meilleur moi ».
Lorsque je manque de motivation pour m’appliquer, je me demande systématiquement, « Quel intérêt de le faire si c’est pour le faire mal ? ».
Intégrer une démarche d’amélioration continue à ton quotidien te tirera invariablement vers une meilleure version de toi-même !
Et pour finir je te pose cette question :
Est ce qu’après être arrivé au bout de ce billet, tu as conscience de l’importance de cette démarche ?
Comme toujours, commentes, exprimes toi, on t’écoute.
Nicolas
Kaizendo.fr : https://kaizendo.fr/